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Un guide parmi les trésors de la documentation patrimoniale

Des plans du Palais universitaire, des planches de botanique ayant appartenu au naturaliste Jean Hermann, des cartes anciennes de géographie, un exemplaire de sa thèse annoté par l’historien de l’art Aby Warbourg… En plus de leur valeur patrimoniale, le point commun de tous ces documents est que l’internaute peut y accéder gratuitement, grâce à la magie de la numérisation, sur le site Numistral.

Si les collections de l’Unistra y figurent, depuis 2019, aux côtés de celles de la Bibliothèque nationale et universitaire (BNU) et de l’Université de Haute-Alsace (UHA)*, c’est en grande partie grâce à Laurent Vila. En 2008, grâce à un concours qui lui fait du même coup intégrer la fonction publique, il prend en charge le projet de création d’une bibliothèque patrimoniale pour l’université.

Préserver, valoriser, partager

Première tâche : apprivoiser son outil de travail, un logiciel aux nombreuses ramifications, en anglais, pour lequel aucune documentation n’existe en français. Main dans la main avec les enseignants-chercheurs, il participe à sélectionner les documents remarquables du fonds strasbourgeois. Une véritable politique éditoriale coordonnée, poursuivant un triple objectif : préserver, valoriser et partager de véritables trésors documentaires. Les notices bibliographiques sont élaborées en commun, parfois avec le concours d’étudiants. « Notre outil nous permet d’aller assez loin dans le paramétrage des champs », explique Laurent Vila, qui jongle d’une souris experte entre les notions de métadonnées, de thésaurus et de Dublin Core. « Un format descriptif simple et générique permettant d’établir des correspondances entre données au niveau international, ce qu’on appelle l’interopérabilité », précise-t-il au sujet de ce dernier. Quant au thésaurus, il s’agit d’un « langage documentaire permettant une recherche la plus univoque possible ».

Au fil des années, Laurent Vila passe les rênes de la numérisation et de la mise en ligne, pour se concentrer sur son rôle de responsable des collections de l’université dans Numistral : « Cette fonction est aujourd’hui parfaitement assumée par mes trois collègues de l’atelier de numérisation, situé à l’Espace Saint-Georges et doté depuis 2016 d’un scanner plus performant, offrant un meilleur confort de travail » (voir diaporama).

Diffusion du savoir

En douze ans – durant lesquels la bibliothèque s’est bien étoffée, avec 630 000 fichiers numérisés ! – deux projets ont particulièrement marqué Laurent Vila. « D’abord, la numérisation des quelque 20 000 plaques de projection de l’Institut d’histoire de l’art, et celle des photographies d’archéologie classique. » Loin de se réduire au livre, la numérisation concerne aussi des pièces de monnaie, des plaques de verre, des partitions... « Ce qui me plaît le plus dans ce travail : participer à la diffusion du savoir et à la mise en valeur de documents auparavant peu consultés, car difficiles d’accès dans les réserves. Et même personnellement, on en apprend beaucoup sur ces disciplines ! »

Reste une frustration : « J’arrive paradoxalement à connaître des choses très précises sur les utilisateurs finaux de ce travail, grâce aux statistiques du logiciel : leur temps de connexion, leur origine géographique (seulement 50 % se connectent depuis la France). Mais au final, on n’interagit jamais vraiment ! »

Bientôt, Laurent Vila s’envolera vers de nouveaux horizons professionnels, davantage en contact avec le public. « A partir de septembre, je prends à 100 % mon poste de responsable de la Bibliothèque des arts, qui m’occupe aujourd’hui sur un mi-temps. Enfin, je n’aurai plus l’impression de me dédoubler ! » Une page se tourne, une nouvelle reste à écrire...

Elsa Collobert

L'atelier de numérisation en images

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A la page : plongez dans le quotidien des bibliothèques !

La série consacré aux nombreux métiers des bibliothèques universitaires se clôt avec le portrait de Laurent Vila. Retrouvez ci-dessous les épisodes qui l'ont précédé.

Cette série s'inscrit dans une démarche initiée par L'Actu il y a quatre ans : celle d'aller à la rencontre de celles et ceux qui font, au quotidien, vivre et « tourner » l’université, à travers de grandes thématiques métiers. Après le domaine du numérique ; l’expertise multifonctions de la Direction des affaires logistiques intérieures (Dali) ; et celle, pointue, de la comptabilité et des finances, place en 2020 aux métiers des bibliothèques !

A rebours des clichés, ceux-ci s’adaptent aux usages d’un monde en pleine mutation, qu’ils précèdent et anticipent même parfois : numérique, science ouverte, formation à la recherche documentaire… Le rôle de médiation des bibliothécaires, à l’interface entre publics étudiants et enseignants-chercheurs, s’affirme comme d’autant plus prépondérant que les dernières évolutions du digital en laissent plus d’un désemparé face à la multitude des ressources à notre disposition.

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